L’amortissement des immobilisations fait partie des opérations d’inventaire à comptabiliser avant la clôture de l’exercice comptable. Etudions ce que signifie Amortir une immobilisation et comment on comptabilise les amortissements dans la comptabilité d’une entreprise.
Amortir une immobilisation, c’est répartir comptablement le coût de l’immobilisation sur sa durée prévue d’utilisation.
L’amortissement est obligatoire, car le bilan doit donner une image fidèle du patrimoine de l’entreprise. L’amortissement permet de réajuster la valeur des immobilisations à l’actif du bilan, en venant en déduction de leur coût d’acquisition.
Certains biens ne sont pas amortissables (terrains, œuvres d’art…).
Il existe deux modes d’amortissement d’une immobilisation : l’amortissement linéaire et l’amortissement dégressif.
Sommaire
Les caractéristiques de l'amortissement linéaire
L’entreprise doit amortir chaque immobilisation en fonction de sa durée d’utilisation. Elle va ainsi déduire de la durée d’utilisation un taux d’amortissement linéaire.
Le taux d'amortissement linéaire
Taux d’amortissement linéaire = 100 / durée d’utilisation (en %).
Par exemple, si la durée d’utilisation de l’immobilisation est de 5 ans, le taux d’amortissement linéaire est de 100/5, soit 20%. Si l’immobilisation vaut 10 000 €, l’amortissement de chaque année d’utilisation, appelé annuité d’amortissement, s’élèvera à 10 000 x 20% = 2 000 €.
La base amortissable
C’est la valeur de l’immobilisation sur laquelle est calculé l’amortissement. La base amortissable est généralement le coût d’acquisition, c’est-à-dire le montant comptabilisé dans le compte de la classe 2 lors de l’acquisition de l’immobilisation. Mais si l’on estime qu’à la fin de sa durée d’utilisation, l’immobilisation a une valeur résiduelle (valeur de revente estimée), la base amortissable est la différence entre la valeur d’acquisition et la valeur résiduelle.
Le plan d'amortissement
Lors de l’achat d’une immobilisation, l’entreprise doit établir le plan d’amortissement de celle-ci : c’est le tableau prévisionnel des annuités pratiquées pendant sa durée d’utilisation, avec l’évolution de la valeur nette comptable.
Exemple de plan d’amortissement :
Valeur nette comptable
Valeur nette comptable = Coût d’acquisition – Amortissements cumulés
Date de mise en service, première et dernière annuités
L’immobilisation est amortie à partir de sa date de mise en service. Dans l’exemple ci-dessus, elle est mise en service le 1er avril, elle n’est donc utilisée que 9 mois (pour un exercice de 12 mois). Les 4 années suivantes, elle est utilisée l’année entière. La dernière année, elle n’est utilisée que 3 mois.
Première annuité = Annuité d’une année entière x 9 / 12
Dernière annuité = Annuité d’une année entière x 3 / 12
Remarque : si la date de mise en service a lieu en cours de mois, la durée d’utilisation est calculée en nombre de jours (année comptable = 360 jours).
Comment comptabiliser l'amortissement linéaire
À l’inventaire, l’écriture de comptabilisation de l’amortissement est la suivante :
(*) On utilise un sous-compte de 28, dont le numéro est construit en intercalant un 8 après le 2 du compte d’immobilisation concerné. Ex : 28182 Amortissements du matériel de transport (2182 Matériel de transport).
Les caractéristiques de l'amortissement dégressif
Dans le but de favoriser l’investissement, l’administration fiscale offre la possibilité d’amortir certains biens plus fortement les premières années d’utilisation. Ce mode d’amortissement s’appelle l’amortissement dégressif. L’entreprise peut décider d’appliquer le mode dégressif plutôt que le mode linéaire sur certaines de ses immobilisations.
L’intérêt pour l’entreprise est de payer moins d’impôt sur les bénéfices les premières années de l’investissement, selon la logique suivante :
- amortissement plus important,
- charges plus élevées,
- résultat moins élevé,
- impôt sur les bénéfices moins élevé.
Ce gain d’impôt est temporaire : passées les premières années, les amortissements seront plus faibles. Mais les premières années, c’est avantageux pour la trésorerie.
Les immobilisations qui peuvent bénéficier de l’amortissement dégressif
L’administration fiscale a dressé la liste détaillée des immobilisations qui peuvent bénéficier de l’amortissement dégressif. Il faut donc que le bien fasse partie de cette liste, mais aussi qu’il ait été acheté neuf et que sa durée d’utilisation soit d’au moins 3 ans.
Le principe de l’amortissement dégressif
Pour permettre un amortissement plus important les premières années, le taux d’amortissement dégressif est égal au taux d’amortissement linéaire multiplié par un coefficient fiscal, qui dépend de la durée d’amortissement du bien :
Exemple pour une durée d’utilisation de 4 ans :
Taux linéaire : 100 / 4 = 25%
Taux dégressif : 25% x 1,25 = 31,25
L’amortissement dégressif au travers d’un exemple
Un matériel industriel est acheté le 15 avril N et mis en service le 21 mai N. Son coût d’acquisition (ou valeur d’origine) est de 10 000 €. La durée d’utilisation est de 5 ans. Sa valeur résiduelle à l’issue des 5 ans est estimée à 1 000 €.
Voici le plan d’amortissement du bien :
La base de calcul de l’amortissement dégressif
C’est la valeur d’origine (le coût d’acquisition) la première année, puis la valeur nette fiscale les années suivantes (valeur d’origine – amortissements cumulés).
Le taux d’amortissement dégressif appliqué
C’est le taux d’amortissement linéaire multiplié par le coefficient fiscal.
Le taux dégressif s’applique tant qu’il est supérieur au taux linéaire calculé sur le nombre d’années restant à amortir. Dès que le taux dégressif est inférieur, c’est ce taux linéaire calculé sur la durée restante qui s’applique.
En N+2, il reste 3 ans : le taux linéaire est de 33%.
En N+3, il reste 2 ans : le taux linéaire est de 50%.
En N+4, il reste 1 an : le taux linéaire est de 100%.
La date de départ de l’amortissement dégressif
C’est le 1er jour du mois d’acquisition (bien acheté le 15 avril N, date de départ le 1er avril N).
La première annuité se calcule donc sur 9 mois. Les 4 autres annuités sont sur 12 mois.
La première annuité d’amortissement
= Base de calcul de l’amortissement x taux d’amortissement x durée depuis la date d’acquisition, en mois.
= 10 000 x 35% x 9 / 12
Les annuités suivantes
= Base de calcul de l’amortissement x taux d’amortissement
La valeur nette fiscale
= Valeur d’origine – Amortissements cumulés
Remarquez que, contrairement à l’amortissement linéaire, on amortit sur 5 exercices si la durée d’utilisation est de 5 ans, même si la première année est incomplète.
Pour une durée d’utilisation de 5 ans, la durée d’amortissement dégressif est sur 5 exercices, la durée d’amortissement linéaire est sur 6 exercices.
Comptabiliser l'amortissement dégressif
La notion d’amortissement dérogatoire
L’avantage fiscal offert par l’amortissement dégressif ne doit pas perturber les règles comptables qui veulent que le bilan donne une image fidèle du patrimoine de l’entreprise.
L’entreprise doit donc établir DEUX plans d’amortissement du bien :
- le plan d’amortissement comptable linéaire,
- le plan d’amortissement dégressif.
Chaque année, elle va comparer les deux annuités : la différence entre l’annuité fiscale dégressive et l’annuité comptable linéaire s’appelle un amortissement dérogatoire. L’amortissement dérogatoire est comptabilisé à part.
Voyons cela dans notre exemple.
La détermination des annuités d’amortissement linéaire
La base de calcul de l’amortissement linéaire est la valeur d’origine (le coût d’acquisition) diminuée de l’éventuelle valeur résiduelle.
La date de départ de l’amortissement est le jour de la mise en service. La première annuité se calcule sur 219 jours (9 jours en mai + 7 x 30 jours).
Première annuité : base de calcul x taux d’amortissement x 219 / 360.
Comptabiliser l’amortissement : deux écritures
À l’inventaire, on passe l’écriture habituelle de comptabilisation de l’amortissement, pour le montant de l’annuité comptable linéaire.
Voici l’écriture de l’amortissement comptable du matériel à l’inventaire de l’exercice N :
On passe une écriture supplémentaire pour constater l’amortissement dérogatoire.
Voici l’écriture de l’amortissement dérogatoire du matériel à l’inventaire de l’exercice N :
Quand l’amortissement linéaire devient supérieur à l’amortissement dégressif, il faut constater non plus une dotation aux amortissements dérogatoires, mais une reprise sur amortissements dérogatoires.
C’est le cas, par exemple, à l’inventaire de l’exercice N+2. Voici les deux écritures de comptabilisation de l’amortissement à l’inventaire de N+2 :
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